Suite à nombre de discussions sur le
sujet et nourri de celles-ci, il m'est apparu intéressant de
partager un billet sur le rapport à la souffrance dans l'activité
physique. Le sujet est immense. Humblement je donnerai un point
de vue qui ne balaie évidemment pas l'exhaustivité du sujet, c'est
à dire le mien :-). Je remarque que, dans l'idée de beaucoup,
l'amélioration des capacités physiques (qu'il s'agisse de
souplesse, de force etc...) est conditionnée par la souffrance.
Autrement dit si on a pas mal : ce que l'on fait ne sert à
rien. Les anglo-saxons le formulent à leur façon dans l'adage: « no
pain, no gain ». Souffrir viendrait du latin sufferre
(supporter, endurer). Mais alors que faudrait-il bien supporter et
pour quel gain ?
Ce qui est à supporter peut être
divers : supporter une sensation désagréable au sens large
(physique ou psychique), supporter son échec dans la réalisation
d'un exercice, etc... Est ce que cela nous fera bénéficier d'un
gain ? Rien ne peut l'affirmer sans faille.
Ce qui est à obtenir peut être
divers : de la souplesse, de la force, une meilleure santé, une
meilleure silhouette, une estime de soi etc.. Mais cela peut aussi
être moins bénéfique : se mettre en échec, se démotiver, se
blesser, s’écœurer etc... Alors s'agit-il toujours d'un
bénéfice ? La réponse est non.
Ainsi « no pain, no gain »
n'engage pas que si « pain » il y a, « gain bénéfique »
il y a. Autrement dit, ce n'est pas parce que l'on souffre que l'on
aura un bénéfice de quoi que ce soit.
Pour ma part, je crois que plus que la
question de combien on fait d'effort, il s'agit d'avantage de savoir
vers quoi on s'efforce dans un premier temps, et comment, dans un
deuxième? Dans quel sens fournit-on ses efforts ? C'est cela
qui détermine si gain il y a et la nature délétère ou bonne de
ce dernier. J'ajouterais même que si l'activité physique est perçue
comme pénible, c'est que les raisons d'en faire ne sont pas les
bonnes ou même qu'il n'y a aucune bonne raison d'en faire hormis
correspondre à l'adage vide de sens « le sport c'est la santé »
(quoi de plus faux, les sportifs le montrent en étant les premiers à
voir un kiné).
Il s'agit donc moins d'aller avec
ardeur et labeur dans le sens de ce que la conscience collective
définit comme un bénéfice, que de sentir un élan porteur dans ce que
l'on fait, de se sentir soutenu par la bonne volonté, de
faire ce qui nous correspond, nous convient et de le faire à juste
mesure. Cette dernière (bénéfique) me semble trop souvent
confondue avec la facilité (néfaste). Cette bonne volonté ou
justesse se traduira, ensuite, dans des natures diverses comme un
épanouissement physique, psychique, social, personnel,
collectif etc... Cela, chacun a à en être le révélateur ou même
plus précisément, l'expression. A cette condition, il est exigible
de se dépasser soi-même, d'ambitionner au-delà, ou même de
souffrir mais désormais le faisant dans la joie (la vraie, pas un mantra vide de la méthode Coué) et non dans la
peine.
Il pourrait donc être nécessaire, et
ceci avant toute chose, de prendre le temps d'écouter cette justesse que
le corps ne connaît pas et que l'esprit est le seul à entendre.